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La Garette racontée par Madeleine Tardy

Exposition visible toute l'année
📍 Lieu
: Port Jaguin - La Garette (79270 Sansais)

La Garette, racontée par Madeleine Tardy (1924–2024), c’est un bout de mémoire que l’on effleure du bout des doigts, un village lové entre conches et tertres, où l’eau, la terre et les hommes vivaient en harmonie.

Elle se souvient de 1953, lorsque, jeune femme, elle posa ses valises dans ce vieux village aux maisons blotties contre la départementale toute neuve, bordée de cales et de venelles.
Ici, chaque barque savait où trouver son rivage, chaque jardinier connaissait son motteau de terre, et chaque chemin portait la trace des troupeaux en partance pour les prés.

Avant que le pont de bois ne relie les rives, les gabarres glissaient doucement sur ce canal large et indolent, que les anciens nommaient la Route de La Garette.
À l’époque, tout était mouvement lent : le foin chargé sur les barques, les mojettes cultivées à l’ombre des frênes têtards, les appels des bateliers montant dans l’air du marais.

La vie s’organisait autour de l’essentiel :

  • La laiterie où l’on amenait le lait en charrette ou en barque,
  • La scierie où les peupliers devenaient coffres, meubles et crosses de fusils,
  • L’école, battant au rythme des élections et des cris d’enfants,
  • La station-service, la cabine téléphonique où l’on appelait à l’aide les médecins et les vétérinaires.

Le maréchal-ferrant, l’œil vif sous la casquette, ferrait les chevaux et même les vaches, pendant que passaient, nonchalants, les vendeurs ambulants et Henri le laitier, tracteur ronflant en tête.

À La Vieille Auberge, après les balades en barque organisées par les embarcadères Largeaud et Cardinaud, on se retrouvait pour déguster anguilles grillées, carpes frites, et pour danser sous les lampions du tivolis, au son des accordéons et des rires.

Il y avait alors une douceur de vivre, un temps suspendu, que même l’exode rural n’a pas totalement effacé.
Car si les jeunes partirent chercher fortune ailleurs, d’autres vinrent restaurer les maisons endormies, réveillant peu à peu La Garette, qui aujourd’hui encore respire sous les peupliers.

À travers les mots de Madeleine Tardy, c’est tout un monde oublié qui s’illumine à nouveau — celui des pigouilles effleurant l’eau noire, des vergers aux senteurs de fraises, des veillées lentes où l’on prenait le temps de vivre, tout simplement.